Le royaume d’Italie de Louis II à Otton Ier (840–968). Histoire politique

Das Regnum Italiae von Ludwig II. bis Otto I. (840–968)

(ITALIA REGIA 5)

[François Bougard]

99,00 

Beschreibung

De 875 aux années 960, le royaume d’Italie a vécu un temps d’histoire politique tourmentée, qui l’a vu passer de la fin du régime carolingien mis en place après la conquête de 774 aux dépens du roi des Lombards Didier et de son fils Adelchis à l’établissement de la souveraineté ottonienne. Au début des années 870, l’Italie se confond avec l’Empire, puisque son roi est aussi le détenteur de la dignité suprême en Occident, même si, à cette date-là, l’extension géographique de son pouvoir ne dépasse pas les Alpes : on parle, à juste titre, du « regnum de l’empereur Louis » pour désigner la moitié nord de la péninsule, sous l’autorité de Louis II (840–875). Après la mort de celui-ci, privé de descendance masculine, les prétendants se sont succédé sans solution durable jusqu’au début du Xe siècle. En 924, la disparition de Bérenger Ier ouvrit une longue période de vacance du titre impérial jusqu’en 962, faute pour le roi d’Italie en titre de réussir à s’imposer à Rome. Douze souverains ont régné en Italie de Louis II à Otton, soit moitié moins que de papes, certes, mais un record par rapport aux autres régions de l’ancien empire carolingien. Il y a là autant d’expériences politiques, éphémères ou durables, où a primé tantôt la réalité locale, tantôt la volonté de contrôler le siège impérial ; où le pouvoir fut imposé ou élu, reconnu dans l’ensemble du royaume ou soumis à concurrence, exercé seul ou avec les grands.

Durant près d’un siècle, le moment qui correspond en grande partie à celui que l’historiographie désigne alternativement comme des « rois nationaux d’Italie », de la « royauté indépendante » ou des « rois de Pavie », est aussi celui qui a vu des renouvellements importants : dans la composition sociale des élites, dans les formes de domination, dans l’expression culturelle. Trois temps se dégagent : jusque 888, le maintien d’un royaume toujours plus secondaire dans l’orbite carolingienne ; de 888 à 926, le jeu des grands ; de 926 à 962, le retour progressif vers l’attraction septentrionale en même temps et aux dépens de l’expérience personnelle d’un souverain que l’on pourrait dire « de transition », Hugues de Provence.

Les travaux des dernières décennies ont beaucoup apporté à la compréhension de ces modifications structurelles en se dégageant progressivement d’une lecture trop longtemps conditionnée par l’idée de la « crise permanente ». Ils se sont dégagés pour cela du récit au jour le jour, considérant que celui-ci était acquis depuis les ouvrages d’Ernst Dümmler, de Ludo Moritz Hartmann, de Gina Fasoli, de Carlo Guido Mor, pour ne citer que les plus fouillés dans cette veine. L’enchaînement des événements, fruit des intérêts contrariés des uns et des autres, n’est cependant pas des plus faciles à suivre. C’est pour aider à mieux le maîtriser, à commencer pour leur auteur, qu’ont été rédigées les pages qui suivent. Au-delà de la narration d’une somme d’aventures individuelles, elles ont pour ambition de fournir pas à pas, et autant qu’il est possible, les éléments de contexte susceptibles d’aider à saisir les enjeux d’une production de sources depuis longtemps rassemblées en recueils (lois et règlements, diplômes, comptes rendus judiciaires), au moment et à l’endroit où celles-ci furent produites. La démarche n’est pas novatrice, elle avait fait les beaux jours des Jahrbücher consacrés aux différents souverains carolingiens dont les historiens de langue allemande s’étaient fait une spécialité vers 1870. Depuis cette date, toutefois, les menues découvertes relatives à ou tel élément de la documentation n’ont pas manqué ; leur somme, associée aux changements interprétatifs de fond, devrait permettre de livrer un récit renouvelé.

L’histoire qui suit, introduite par un chapitre sur le règne de Louis II, est donc avant tout une béquille pour qui voudrait en savoir plus sans devoir recourir à des ouvrages de consultation parfois difficile. Elle devrait permettre de mieux saisir les non-dits de travaux plus attachés à la description des structures ou de repartir à la quête de ces mêmes structures sur des bases mieux assurées, voire d’aborder à nouveaux frais les interrogations sur la nature, la perception et le fonctionnement de l’« État » au haut Moyen Âge. Elle trouve aussi sa justification dans la publication des récents volumes des Regesta imperii pour l’Italie, qui pour la première fois fournissent une chronologie analytique détaillée du regnum pour l’ensemble de la période considérée. En rapprochant des événements apparemment sans lien entre eux, il n’est pas rare qu’ils ouvrent de nouvelles perspectives dans l’interprétation de tel ou tel moment de son histoire politique. Surtout, l’élargissement du matériau rassemblé à tout ce qui concerne non seulement la personne du souverain mais aussi les membres de sa famille, l’activité de la cour et des officiers royaux, la correspondance des papes ou des rois pour des destinataires italiens, les incursions sarrasines ou hongroises etc. en fait un outil de travail des plus précieux. Le principal danger de l’entreprise est le même que celui qui guette en permanence les Regesta, c’est-à-dire forcer la reconstruction en cherchant l’harmonie entre des sources souvent contradictoires, ou en privilégiant pour sa fiabilité supposée tel récit plutôt que tel autre ; souvent, sans doute, l’écueil n’aura pas été évité. On ne se dissimule pas non plus que l’intérêt de la période retenue est peut-être moins dans l’histoire des têtes couronnées que dans celle des vicissitudes des régions et des familles qui s’affrontent sur l’échiquier italien volontiers qualifié de « multipolaire ».

* * *

Das Jahrhundert, das man in der Historiographie entweder als das der „italienischen Nationalkönige“, des „unabhängigen Königtums“ oder der „Könige von Pavia“ bezeichnet, ist zugleich jenes, das wichtige Erneuerungen mit sich brachte: in der sozialen Zusammensetzung der Eliten, in den herrschaftlichen und kulturellen Ausdrucksformen.

Drei Phasen zeichnen sich ab: bis 888 die Bewahrung eines immer mehr an Bedeutung verlierenden Königreichs im karolingischen Universum, von 888 bis 926 das Spiel der Großen, von 926 bis 962/968 die allmähliche neuerliche Orientierung nach Norden, die auf Kosten der persönlichen Erfahrungen eines Königs erfolgte, den man als „Übergangsherrscher“ bezeichnen könnte – Hugo von der Provence.

Die politische Geschichte dieser Zeit wurde seit langem nicht mehr dargestellt; Anliegen des vorliegenden Werkes ist es, sie erneut zu durchreisen. Es stützt sich wesentlich auf die Herrscherurkunden, deren Kontextualisierung darauf abzielt, das Verständnis dieser Periode zu erleichtern.

Table des Matières / Inhalt:

I. Le royaume d’Italie sous Louis II (840–875): point d’équilibre et dérives
II. De la mort de Louis II à la mort de Charles le Gros, 875–888
III. De la bataille de la Trébie à la Renovatio regni Francorum, 888–898
IV. Le moment de Bérenger, 899–924 (926)
V. L’Italie à l’heure provençale, 926–950
VI. De Bérenger II à Otton Ier, 950–962 (968)
VII. Évolutions
VII.1 La souveraineté royale et impériale : acteurs, rites et lieux
VII.2 Accès au prince et réalités régionales
VII.3 Ressources matérielles et forces humaines

I. Das Königreich Italien unter Ludwig II. (840–875): Gleichgewicht und Kräfteverschiebung
II. Vom Tod Ludwigs II. bis zum Tod Karls des Dicken (875–888)
III. Von der Schlacht an der Trebbia zur Renovatio regni Francorum (888–898)
IV. Die Hegemonie Berengars (899–924/926)
V. Italien unter provencalischer Herrschaft (926–950)
VI. Von Berengar II. bis zu Otto I. (950–962/968)
VII. Hauptcharakteristika des Untersuchungszeitraums
VII.1. Königliche und kaiserliche Herrschaft: Akteure, Orte und Riten
VII.2. Zugang zum Herrscher und regionale Strukturen
VII.3. Materielle Ressourcen und menschliche Kräfte

 

2022, 376 Seiten, Festeinband, Leinen, 11 Abbildungen, 8 Tabellen, 5 Karten, Indices, 24 x 32 cm
ISBN: 978-3-938533-80-2

 

Zusätzliche Information

Gewicht 2 kg

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